Wallon
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Parlé en | Belgique, France | |||
Région | Wallonie en Belgique, et en France dans une petite partie du département des Ardennes | |||
Nombre de locuteurs | 1.120.000 (1998) | |||
Classement | ||||
Typologie | SVO (+ VSO) | |||
Classification par famille | ||||
- Langues indo-européennes - Langues italiques (Classification SIL - simplifiée)
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Statut officiel et codes de langue | ||||
Langue officielle de | (pas de statut officiel en Belgique) | |||
Régi par | ||||
ISO 639-1 | wa | |||
ISO 639-2 | wln | |||
ISO/DIS 639-3 |
wln (en) |
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SIL | WLN | |||
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Article premier de la Déclaration des Droits de l'Homme (voir le texte en français) |
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Voir aussi : langue, liste de langues, code couleur |
Le wallon est une langue régionale romane parlée en Wallonie (sud de la Belgique).
Le wallon est une langue romane (issue de la transformation du latin), appartenant au groupe gallo-roman et plus précisément au faisceau d'oïl (auquel appartiennent aussi le picard, le champenois, le lorrain, le normand, etc.).
Sommaire |
[modifier] Géographie
Il ne faut pas confondre le wallon avec le français tel qu'il est parlé en Belgique : le français de Belgique ne diffère que très légèrement du français de France ; les dialectes wallons, quoique proches du français, en diffèrent nettement.
Le wallon est ou était également parlé :
- dans une petite partie de la France : « botte de Givet » (nord du département des Ardennes), plus quelques villages du département du Nord (Cousolre) ;
- dans une petite zone du Wisconsin aux États-Unis (Green Bay), en raison d'une émigration assez importante au XIXe siècle ;
- par des résidents wallons à Bruxelles ;
- dans deux ou trois villages du Luxembourg (Doncols, Sonlez), où le wallon est maintenant probablement éteint.
En Wallonie, quatre dialectes occupent quatre zones distinctes. L'est-wallon est parlé autour de Liège, le centre-wallon autour de Namur, l'ouest-Wallon dans la zone Nivelles-Charleroi-Chimay et le sud-wallon en Ardenne.
Une tentative de norme orthographique commune existe : le « rfondou walon », dont le principe est d'écrire un même mot de la même façon, indépendamment des différences phonétiques locales. Cette orthographe se base sur des diasystèmes pouvant être prononcés différemment selon le lecteur, à l'instar de l'orthographe du breton dont l'exemple a inspiré le projet. Les graphies tentent de concilier les usages phonétiques actuels avec les traditions anciennes (notamment réintroduction de xh, oi) et la logique phonologique propre de la langue.
D'autres langues régionales sont parlées en Wallonie, en périphérie du domaine wallon :
- le picard (Mons[1], Ath, Tournai) ;
- le gaumais, variété du lorrain (Virton) ;
- le champenois, dans une zone restreinte dans la région de Bohan ;
- le luxembourgeois (Arlon, Martelange), langue germanique moyen-allemande du groupe francique mosellan, qui est par ailleurs langue nationale du Luxembourg.
Le wallon se distingue des autres langues d'oïl surtout par un apport germanique important (dans la phonétique, le lexique, la grammaire) mais aussi, contradictoirement, par un conservatisme phonétique marqué (le wallon est resté assez proche des évolutions qui se sont déroulées dans le haut Moyen Âge).
À part ceci, le wallon se rapproche, sous les aspects du vocabulaire et grammaire, des autres langues romanes, de sorte que l'on ne s'étonnera pas d'y trouver des traits communs avec certaines de ces langues.
[modifier] Histoire

Parler d'une « date de naissance » pour le wallon est inapproprié, d'une part évidemment parce que les langues ne naissent pas en une nuit; mais surtout parce que le moment de la naissance dépend du point de vue adopté. Ainsi, d'un strict point de vue linguistique, Louis Remacle a montré que bon nombre des évolutions que nous considérons aujourd'hui comme typiques du wallon sont apparues entre le VIIIe siècle et le XIIe siècle. Le wallon « était nettement et définitivement individualisé dès 1200 ou dès le début du XIIIe siècle ». Toutefois, les textes « linguistiques » de l'époque ne mentionnent pas le wallon, alors qu'ils mentionnent déjà, entre autres, le picard et le lorrain dans le même domaine linguistique d'oïl. Jusqu'au XVe siècle, les scribes originaires du pays wallon appeleront leur langue « roman » quand ils voudront la distinguer des autres. C'est au début du XVIe siècle que nous trouvons la première attestation du mot « wallon » au sens linguistique où nous l'entendons aujourd'hui : en 1510 ou 1511, Jean Lemaire de Belges fait la transition entre « rommand » et « vualon » :
Et ceux cy [les habitants de Nivelles] parlent le vieil langage Gallique que nous appellons Vualon ou Rommand (...). Et de ladite ancienne langue Vualonne, ou Rommande, nous usons en nostre Gaule Belgique: Cestadire en Haynau, Cambresis, Artois, Namur, Liege, Lorraine, Ardenne et le Rommanbrabant, et est beaucoup differente du François, lequel est plus moderne, et plus gaillart.
Le mot « wallon » acquiert ainsi un sens plus proche de l'actuel : le vernaculaire de la partie romane des Pays-Bas et du pays de Liège. On peut poser que la période où s'établit l'hégémonie bourguignonne unificatrice en pays wallon est un moment charnière de l'histoire linguistique de la région. La cristallisation d'une certaine identité wallonne par opposition aux régions « thioises » (flamandes) des Pays-Bas consacre le mot « Wallons » pour désigner nos populations. De même, un peu plus tard, leur langue vernaculaire est plus nettement ressentie comme distincte du français central et des autres idiomes d'oïl environnants, ce qui entraîne l'abandon du mot « roman » au sens vague au profit du mot « wallon » dont l'extension linguistique est superposée au sens ethnique et politique. C'est aussi l'époque où le français achève de remplacer le latin dans toutes les fonctions (cf. l'édit de Villers-Cotterêts, en 1539) ; il s'établit comme langue d'enseignement, il fait l'objet d'une intense politique de normalisation (La Pléiade) : dans un contexte où cohabitent deux langues de la même famille, l'une ne peut se définir que contre l'autre... Les environs de l'an 1600 apportent comme une confirmation écrite des évolutions des représentations au cours des deux siècles antérieurs : c'est à cette époque que s'impose définitivement le système graphique français en pays wallon. C'est aussi de cette époque que date, corrélativement, une tradition de textes écrits dans une langue tâchant de décalquer le vernaculaire oral wallon, alors que la langue écrite des siècles précédents, la scripta, était une langue composite, typiquement wallonne mais ne reproduisant pas systématiquement les traits du vernaculaire oral de l'époque.
[modifier] Aspects sociolinguistiques
Le wallon a été la langue prédominante du peuple wallon jusqu'au début du XXe siècle, quoique la connaissance passive du français était courante. Depuis, le français régional s'est répandu partout, au point que 30 à 40 % seulement de la population wallonne pratiquent encore leur langue propre, les proportions variant de 70 à 80 % chez les plus de 60 ans à environ 10 % chez les moins de 30 ans. La connaissance passive est beaucoup plus courante : elle irait de 36 à 58% dans le groupe d'âge où la connaissance active est la plus faible, c.-à-d. chez les jeunes. Légalement, le wallon est reconnu depuis 1990 par la Communauté française de Belgique (c.-à-d. l'autorité compétente en matière culturelle pour la Wallonie dans l'État fédéral belge) comme « langue régionale endogène » qu'il faut étudier et dont il faut encourager l'utilisation. Le mouvement culturel wallon repose entre autres sur l'Union culturelle wallonne (UCW), qui regroupe plus de 200 cercles de théâtre amateur, des groupes d'écrivains, des comités de promotion du wallon à l'école. Une bonne douzaine de revues paraissent régulièrement. Il faut aussi citer la Société de langue et de Littérature wallonne (fondée en 1856), qui promeut la littérature wallonne et l'étude des langues régionales romanes de Wallonie (surtout dialectologie, étymologie, etc.).
Une maison d'édition liégeoise, Noir Dessin, commercialise, à côté de livres d'histoire locale en français, différents objets (parapluie, tee-shirt, autocollants) portant des maximes en wallon.
La RTBF consacre encore un peu de temps en radio à ses émissions dialectales en décrochage, mais il est loin, le temps où on enregistrait pour la télévision des spectacles en salle et en extérieur en wallon, parfois sous-titrés en français.
[modifier] Exemples
Le mot français houille est emprunté au wallon hoye.
Wallon ; Français
- Walon ; Wallon
- Diè wåde ; Dieu [vous] garde (bonjour)
- Bondjoû ; Bonjour
- A ; Salut (souvent suivi d'une autre expression)
- Årvey ; au revoir
- Come on-z a dit ; Salut (d'au revoir)
- Ké diss? / Comint d'allez? ; Comment vas-tu?
- Dji n'sai nén ; Je ne sais pas
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[modifier] Orthographe
- Depuis 1100, on écrit le wallon au moins dans les noms géographiques et dans les actes de basses justice, et les actes notariés. L'écriture ne permet pas toujours de décider comment était la prononciation ("u" peut être une notation du son « u » ou « ou »). Certaines notations sont typiquement wallonnes xh, ea, eie.
- Au XVIIIe siècle, on continue a utiliser certaines des conventions du Moyen Âge xh (Villers), oi (Theâtre liégeois).
- Au XIXe siècle, l'écriture du wallon était largement individuelle. Mais différents essais de régulation sont proposés:
- pour l'accent de Liège (Henry Forir) pour l'accent de la Wallonie prussienne (Toussaint, Nicolas Pietkin)
- pour l'accent de Namur (Auguste Vierset, Léopold Godenne).
- Au XXe siècle, on assiste à la généralisation du système de notation Feller. Les trouvailles les plus intéréssantes du Feller : les notations DJ et TCH, les demi-consonnes W et Y, la notation î du i long, oû du ou long ; les notations å et ô.
- Il faut attendre le XXIe siècle pour voir apparaître une orthographe unifiée, c'est-à-dire l'accord de tous les utilisateurs que tel mot s'écrit d'une seule façon, quelle que soit la manière dont la prononciation a évolué dans telle ou telle région.
[modifier] Divers
- code ISO 639-1 : wa
[modifier] Liens
[modifier] Liens internes
- Wallonie
- Belgique
- Liste de jurons wallons
- La presse en wallon
- linguistique
- dictionnaire des langues
- langues par famille
- langues indo-européennes
- langues romanes
- groupe gallo-roman
- langues romanes
- langues indo-européennes
- langues par famille
- dictionnaire des langues
[modifier] Bibliographie
- Le dictionnaire de Jean Haust pour le dialecte liégeois en trois volumes
- Li vî bleû (Le vieux bleu), bande dessinée de François Walthéry en wallon et en français, dont a été tirée une pièce de théâtre éditée en vidéo.
- La Wallonie, son histoire par Hervé Hasquin, éditions Luc Pire, Bruxelles, 1999 ISBN 2-930240-18-0
[modifier] Liens externes
- http://users.skynet.be/lorint/croejh/ grammaire wallonne (en français et en wallon)
- Dictionnaire Freelang Dictionnaire wallon de Forrières-français/français-wallon de Forrières
- Dictionnaire Freelang Dictionnaire wallon liégeois-français/français-wallon liégeois
- Lexilogos : liens vers des dictionnaires, cartes, sites, etc.
- [1] textes en picard, wallon, lorrain, vieux ou ancien français réunis par l'ULB, soit signalé par un titre, soit reproduits, mention de divers auteurs en wallon, picard, lorrain...
[modifier] Notes
- ↑ où il est appelé « borain »
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